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En Afrique subsaharienne l’analphabétisme est un phénomène massif et endémique qui touche plus de la moitié des populations qui se trouvent ainsi dépourvues de compétences minimales en littératie et en numératie leur permettant de vivre normalement dans un monde régi par l’économie du Numérique et de la Robotique et où la formation du capital humain devient un enjeu vital.

Cette contribution tente d’analyser les enjeux de l’alphabétisation en Afrique subsaharienne et le rôle de la qualification des enseignants alphabétiseurs dans la lutte contre l’analphabétisme.

Alphabétisation et formation du capital humain

Nombreuses sont les contributions de chercheurs comme Schultz (1961), Becker (1964), Barro (1991), Romer et Weil (1992), Hanushek et Woessman (2008) cités par Diop et Sall (2017) qui démontrent que le capital humain est un moteur de croissance économique et un facteur de bien-être social. Ces auteurs estiment que les individus les plus éduqués sont plus productifs, accèdent plus facilement à l’emploi et sont mieux rémunérées sur le marché du travail.

Les résultats de recherches en économie de l’éducation publiés ces dernières années mettent en évidence le rôle central de l’éducation dans l’explication des différences des taux de croissance économique au niveau international. ils démontrent, de façon très nette, les effets des acquis d’apprentissage sur les revenus des travailleurs et la corrélation positive entre les taux brut de scolarisation (TBS) et le taux de croissance du PIB par tête. Autrement dit les gains tirés d’une éducation de qualité : «aux plans collectif et individuel incluent une plus grande capacité d’insertion professionnelle, une productivité accrue et un emploi de meilleure qualité, […], mais aussi des bénéfices sociaux accrus en termes d’accroissement de la participation citoyenne, d’amélioration de la santé, de diminution de la criminalité, d’amélioration du bien-être et de l’épanouissement personnels » (CCE, 2006).

Un sous-systèmes éducatif négligé

L’alphabétisation est l’un des secteurs les plus négligés par les politiques publiques d’éducation car «les gouvernements n’accordent pas de priorité aux besoins d’apprentissage des jeunes et des adultes[analphabètes] dans leurs politiques publiques d’éducation […] ». (UNESCO, 2009)

Les actions gouvernementales pour assurer un soutien continu et un développement professionnel des facilitateurs en alphabétisation devrait s’inscrire dans une politique globale de réforme du système de formation des personnels de l’éducation. Une réforme qui considérerait ces acteurs comme partie intégrante du système éducatif et qui conférerait aux institutions de formation des personnels de l’éducation des possibilités d’exercer pleinement leurs missions.

Ce que disent les statistiques au Sénégal

Les données publiées par l’Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD) révèlent que « En 2023, la proportion de la population âgée de 10 ans ou plus, alphabétisée au moins dans une langue y compris le français, est évaluée à 62,9%, avec 66,9% pour les hommes contre 59,0% pour les femmes. ».Il en découle un taux d’analphabétisme de 37,1%.

Selon la même source, le taux d’alphabétisation en langues nationales (langues d’alphabétisation) et en arabe se situe à 28,4%. Cette statistique souligne la faiblesse du niveau d’alphabétisation des populations dans les langues nationales, dont la promotion suscite beaucoup d’intérêt.

L’analyse de ces données soulève quelques interrogations :  

  • Dans quelle mesure pourrait-ont attester qu’une personne est alphabète ou analphabète ?
  • Quels sont les méthodes et les instruments utilisés pour mesurer l’alphabétisme et l’analphabétisme ? Sont-ils suffisamment valides pour mesurer ce qu’ils prétendent mesurer ?
  • Dans quelle mesure pouvons-nous estimer que les populations dites alphabètes ont le niveau de littératie et de numératie requis en pour fonctionner normalement, en autonomie, dans des sociétés mondialisées fortement structurées par l’économie du savoir, y compris le Numérique, et la Robotique ?

La prévalence de l’analphabétisme reste préoccupante. Parmi les facteurs explicatifs figurent l’incapacité de l’école formelle à répondre à tous les besoins éducatifs (tant en quantité qu’en qualité), le peu d’intérêt au sous-système de l’alphabétisation, accordé l’insuffisance des financements et surtout la faible qualification des facilitateurs (enseignants).

En effet, le soutien et la professionnalisation des facilitateurs demeure une des conditions essentielles d’amélioration de la qualité des programmes d’alphabétisation.

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